Un mouvement commun anime les vidéos et installations de Yan Tomaszewski: l’ascension. Si la dynamique évoque d’emblée des altitudes héroïques, elle suggère en contrepartie les risques d’élévations démesurées. Ivresse et désillusion. Dans deux vidéos, l’artiste interroge cette ambivalence : campant ici un super-héros dont la panoplie – un scaphandre panoramique et un tuyau en bandoulière – s’avère être l’équipement nécessaire au sablage des façades de pierre (Blue screen, 2010) là, un ouvrier muni d’un casque et d’un sac de randonnée explorant l’Île Seguin restée à l’état de chantier depuis la démolition des usines Renault en 2005. Bravant les éboulis, l’entreprenant entrepreneur va tracer au cordeau marqueur le plan réduit d’un hypothétique musée (Proposition pour un musée sur une île déserte, 2009). Après avoir fait l’objet de spéculations diverses, l’île à présent confiée à l’architecte Jean Nouvel fait partie du plan d’aménagement visionnaire du Grand Paris ; projet d’urbanisme global auquel se réfère indirectement le slogan utopique « la nation toute entière bâtit sa capitale », épigraphe optimiste empruntée à la Varsovie des années 1950, retranscrite par l’artiste sur des plaques de polystyrène extrudé mauve, matériau de construction à durée de vie limitée (Epigraphe, 2010). Convoquant flèches gothiques, rocailles montagneuses, gratte-ciel et colonnes infinies, Tomaszewski observe dans l’architecture la rhétorique de l’élan conquérant, tout en restant attentif aux essors irrésolus, survivant à l’état de traces ou de mythologies. L’artiste prospecte ainsi dans quelques régions minières, y observant comment des chevalements miniatures infiltrent la décoration de jardin ou comment certains terrils deviennent des enjeux touristiques et récréatifs. des formes de cristallisation plus vernaculaires, prouvant que l’ascension peut aussi être populaire.

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