Beaux-Arts Magazine, 29.12.2021

La folie de la musique coréenne K-pop s’est répandue dans le monde entier. Au point que leurs icônes, fétichisées, deviennent des personnages aux frontières du réel. Ainsi Jimin, chanteur et danseur du groupe adulé BTS – qui a rassemblé plus de 750 000 spectateurs lors d’un concert en ligne – est une de ces stars. Fasciné par ce personnage aux traits juvéniles, l’influenceur britannique Oli London est passé par des dizaines d’opérations de chirurgie esthétique pour tenter de ressembler à (devenir?) son idole.

Cette histoire vraie sert de support à Yan Tomaszewski, artiste diplômé du Fresnoy né en 1984, pour son film Gangnam beauty, projeté en novembre dernier au Centre Pompidou dans le cadre de « Prospectif cinéma ». Cette fable des temps modernes est ici mise en parallèle avec un conte coréen du XIIIe siècle, qui raconte qu’un sculpteur est contraint de produire 14 masques, à l’abri des regards, pour sauver le village d’Hahoe de la colère des Dieux. Le film, tourné en Corée, met en scène Oli London dans la peau de ce personnage ainsi que dans son propre rôle, traversant ainsi les époques et les mythes. Les sublimes paysages de la campagne coréenne et des masques traditionnels sculptés dans le bois se superposent à l’histoire du narrateur et sa quête identitaire.

Avec son geste et ses opérations fortement contestées sur les réseaux sociaux, Oli London soulève de vifs débats sur la transidentité et l’appropriation culturelle. Ou quand le mythe de Narcisse rencontre la notion ultra-contemporaine du transracialisme.

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